Fear and dance
Projection et installation sonore
Cette installation sonore et visuelle dresse les portraits de jeunes adultes lors du premier confinement. Dans un contexte de crise et d’isolement, le projet cherche à créer une connexion entre le public et ces figures en mouvement, une forme d’empathie face à une transition mondiale marquée.
Filmé en plan fixe, dans un cadre domestique, chaque danseur se livre face caméra. Ces vidéos rappellent les performances spontanées des internautes se filmant seuls dans les années 2010, tout en évoquant les cadrages de TV Reverse (1983-84) de Bill Viola. À la manière de Buzz Club (1994) de Rineke Dijkstra, ces portraits de jeunes adultes capturent une époque, des tendances, une gestuelle marquée par la solitude et la conscience du regard de l’autre.
La danse, habituellement une pratique sociale, devient ici un dialogue solitaire. Chaque mouvement oscille entre libération et contrainte, entre spontanéité et mise en scène. Le danseur, perdu dans son propre geste, est conscient du regard de la caméra, exposé dans une forme de vulnérabilité presque voyeuriste.
Le son renforce cette intimité. À travers le dispositif, une voix chuchote des listes de peurs récoltées, liées au passage à l’âge adulte. Ces confessions, parfois répétitives, forment une cartographie sensible du rapport au monde et à soi. Ce dispositif sonore invite le spectateur à tendre l’oreille, créant un lien intime et troublant avec l’image.
Un parallèle se crée alors : les danseurs et le public, tous deux debout, en attente, dans un équilibre entre mouvement et écoute. Alors qu’on s’attend à entendre la musique qui guide leur danse, ce sont leurs pensées qui résonnent.
L’installation s’ouvre et se referme sur un même fil narratif : l’espace domestique devient un lieu de libération du corps, malgré les contraintes de l’époque. Après l’avoir effacé, enfermé, voire même perdu dans une forêt, ce corps réapparaît, habité par une mémoire du confinement.
Cette pièce explore et documente les transformations de mon époque, révélant les traces laissées par l’isolement et les tentatives de réinvention de soi.
